On ne compte plus les artistes d’exceptions qui se sont produits au Raymond’s Bar. Du bassiste de Fugazi Joe Lally à The Ex, en passant par Oddateee, Red Fang ou les New Yorkais d’A Place To Bury Strangers. Ce lieu associatif reste depuis de nombreuses années LE meilleur endroit pour découvrir toutes sortes de groupes indépendants, et ce, pour un moindre coût (dépensant très rarement la modique somme de 5€). Ce lundi 20 mai, c’est pratiquement une centaine de personnes qui s’étaient réunis pour assister au retour d’un rappeur américain déjà habitué des lieux.
Andy Bothwell aka Astronautalis est un bosseur. Il ne tient jamais en place. Sitôt son quatrième album sorti (This Is Our Science il y a bientôt 2 ans) que le voilà reparti sur les routes. L’an passé, le rappeur floridien était déjà passé par Clermont-Ferrand, il était à l’époque accompagné de son ami Bleubird, emcee tout aussi doué dans son style, également signé sur le label Fake Four Inc. Petit changement par rapport à l’année dernière, cette fois-ci, Andy a décidé de s’entourer d’un véritable groupe, soit Mo Blunts à la batterie et Oscar Romero à la guitare et au chœur. Et il semble que ce léger changement apporte finalement beaucoup au set du rappeur américain.
En guise de mise en bouche, c’est au Clermontois de Stalk (ou ST4LK) que l’on a droit. C’est un vrai retour sur scène pour le musicien qui ne s’était pas produit sous cet alias depuis pas mal de temps, sans doute trop occupé avec son autre projet électro/hip-hop Signal Carré. Stalk est un poil différend, principalement instrumental, et musicalement proche d’un post rock, avec quelques touches d’electronica. Une sorte de Bonobo, en bien plus sombre. Les superbes jeux de lumières qui accompagnent le musicien sont en tout cas particulièrement efficaces et rendent son set captivant.
Petit quart d’heure d’attente (qui passe toujours très bien dans un lieu comme le Raymond, ou la bonne ambiance est toujours présente) et voilà que le duo de musiciens qui accompagne notre Andy monte sur scène. Petite présentation rapide, et voilà que la fête commence. C’est bien évidemment les derniers morceaux du rappeur qui mis en avant, ceux extrait de l’excellent This Is Our Science, quatrième album sorti chez Fake Four Inc. « The River, The Woods », « Thomas Jefferson », « Contrails » et « Dimitri Mendeleev » sont encore plus bruyants et efficaces avec l’apport des musiciens et l’on retrouve le trio déjà en sueur 15 minutes à peine après le début du concert. Il faut dire que tout trois se donnent vraiment à fond, Mo martelant littéralement sa batterie, Oscar criant dans son micro pour seconder Astro’ qui lui, comme toujours, vit littéralement ses morceaux. S’agitant de part et d’autre de la (petite) scène, et mimant ses textes, parfois carrément en transe. Andy chante, hurle et rap avec un talent fou ! Dommage que le son de la salle ne soit pas toujours au top et parfois un peu trop fort.
Plutôt bavard, il nous explique le sens de ses chansons et déconne régulièrement avec son public, il introduit l’excellent « The Wondersmith and His Sons » (extrait de Pomegranate, sorti en 2008) en décrivant le morceau comme « le plus sombre qu’il ai jamais écrit », les paroles, malsaines et violentes, semblent avoir étaient écrites pour le Murder Ballads de Nick Cave et de ses mauvaises graines. On a également droit au premiers albums de l’artiste, résolument plus folk et moins bien produits sur disque, Andy nous confie en avoir écrit et enregistrés certains ado’, dans la salle de bain de ses parents. L’accent du sud des États-Unis est parfois vraiment compliqué à déchiffrer, Andy en est un parfais exemple et les commentaires faits entre les morceaux fusent à une vitesse folle.
En un clin d’œil, la fin du concert est déjà là, et le charismatique emcee revient seul sur scène, pour un rappel sous forme de freestyle, encore une fois de très haut niveau. Remerciement. Fin du bal. Minuit et demi. Encore une excellente soirée chez Raymond, vivement la prochaine et surtout, vivement qu’Astronautalis revienne dans nos contrées avec la prochaine fois (on l’espère), encore plus de monde dans la salle.
Salle: Le Raymond’s Bar
Affiche : Bertrand Blanchard © / En vente sur le site de Hello L.A.
Chronique publiée à l’origine sur Concert & Co.
Photo de couverture: Courtney Dudley ©
Photos du concert: Stéphane Pinguet ©
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