Ce n’est pas un secret, les meilleurs albums de Punk ou de Rock ‘n’ Roll engagés ont tous vu le jour lors de conjonctures politiques tendues (les années Thatcher, Reagan ou Bush). De la même manière, Ceschi Ramos semble donner le meilleur de lui-même lorsque les pires merdes arrivent dans sa vie… ce qui fait de ce nouvel LP une triste réussite.
En vieillissant, certains artistes parviennent à se sortir de l’étiquette qu’on leur colle à la peau (qu’il la mérite ou non) ; Ceschi semble être plutôt à l’aise avec la sienne et ne cherche en tout cas pas à s’en défaire. Contrairement à Slug d’Atmosphere, dont le style a évolué avec les années, Ramos a continué année après année à faire ce qu’on appelle de l’Emo-Rap. Peut-être est-ce là un choix pas complètement délibéré, car les tragédies dans la vie du musicien sont aussi nombreuses que le succès absent. Ceschi parle de ce qu’il vit, de son quotidien de musicien D.I.Y, boss d’un label indé’ (Fake Four Inc.). Un quotidien jonché de dépression, de constante(s) remise(s) en question ou de décès et, comme toujours, il parvient à transformer ces épreuves, aussi bouleversantes soient-elles, en or. Sad, Fat Luck, n’échappe pas à la règle. Noir, l’album l’est, c’est sûr ; pourtant, Ramos n’est pas non plus du genre à se laisser (complètement) aller, il l’annonce dès la première piste « Lost Touch » (« Everything’s ok, as long live, long as you work, long as you listen, long as you pray… »). Le emcee démontre une fois de plus qu’il est bien plus qu’un simple rappeur et alterne sur des prod’ (que l’on doit une fois de plus au fidèle acolyte Factor) qui explorent en plus des traditionnelles styles Folk (le sublime « Daybreak ») et Hip-Hop (les tendus « Electrocardiographs » et « Any War » avec Astronautalis) de nouveaux horizons Pop (la reprise de Majical Cloudz « Downtown »), Trap (« Jobs » seul « raté » de l’album) voir même Punk (la 3ème partie de « Take It All Back »).
Qu’il chante, rap ou parle, Ceschi varie les styles comme les émotions et se montre toujours aussi touchant et percutant. Malgré (à première vue) un style touche à tout un peu casse gueule, Sad, Fat Luck, remplit aisément son contrat sans se planter et confirme le rappeur comme l’un des meilleurs emcee du genre, le genre dont vous n’entendrez probablement jamais parler.
Ceschi Sad, Fat Luck Fake Four Inc.
TRACKLIST :
Side A
Lost Touch
Jobs
Sad, Fat Luck
The Gospel
Daybreak
Take It All Back (Part 1-4)
Say No More
Electrocardiographs
Side B
Middle Earth (featuring Sammus)
Sans Soleil
Any War (featuring Astronautalis)
Downtown
Bona Drag Tape
Album également dispo’ sur Bandcamp, iTunes, & Spotify,
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Interview de Ceschi Ramos réalisé en 2015 pour la sortie de Broken Bone Ballads
Critique de Broken Bone Ballads sorti en 2015 chez Fake Four Inc.
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