Le 20 janvier 2008, la télévision s’apprêtait à vivre un bouleversement avec la diffusion, sur la chaine américaine AMC, du premier épisode de Breaking Bad. 62 épisodes et onze ans plus tard, Vince Gilligan -créateur du dit chef d’œuvre (plus communément appelé « showrunner » par nos amis anglo-saxons)- apporte une ultime pierre à un édifice pourtant déjà proche de la perfection.
Depuis septembre 2013, ce bon vieux Vince n’est pas resté les bras croisés. Il a rapidement développé avec son pote Peter Gould un spin-off (ou « série dérivée » en français) de Breaking Bad intitulé Better Call Saul centré autour de la genèse du célèbre avocat véreux Saul Goodman (brillamment interprété par le génial Bob Odenkirk). Nouveau succès pour la série qui entamera l’an prochain sa cinquième saison. Coté acteurs, si le charismatique duo Brian « Walter White » Cranston & Aaron « Jesse Pinkman » Paul (récemment associé pour une marque de Tequila du nom de Dos Hombres) a cumulé les récompenses durant la diffusion de la Breaking Bad, le succès n’est plus vraiment au rendez-vous depuis l’arrêt de la série. Cranston enchaine projets à gros budgets sans grand intérêt (à quelques exception près) tandis que Paul se tape de beaux fours au box-office. Alors forcément, quand Gilligan soumet à ce dernier le pitch d’El Camino, la proposition est impossible à refuser…
Dès l’annonce de la mise en chantier du long-métrage, on s’est d’emblée posé légitimement la question : Pourquoi ? Pourquoi ajouter une nouvelle conclusion au chef d’œuvre télévisuelle qu’était Breaking Bad ? Sans pour autant égaler la fin de The Sopranos (autre merveille signée HBO) qui laissait littéralement le spectateur béat lors d’un ultime épisode (dont on ne s’est toujours pas remis), Gilligan et son équipe qui, jusqu’au bout, étaient parvenu à conserver un succès critique et public (suscitant même l’admiration d’un certain Anthony Hopkins), optait lui pour une fin semi-ouverte, laissant cogiter sur le devenir du personnage de Pinkman, fraichement libéré du joug d’un gang nazis. Une conclusion certes, bouleversante, mais juste. Qu’apporte donc ce long métrage de plus de deux heures ? Un semblant de dignité retrouvée, une revanche sur la vie et une fin digne de ce nom pour le personnage d’Aaron Paul qui en a, il faut bien le reconnaitre, sacrément bavé pendant cinq saisons. Comme si Gilligan tentait de se faire pardonner de tous les sévices infligés à son charismatique personnage.
El Camino a-il donc un réel intérêt ? Oui. Et non. Oui car on retrouve les personnages de Gilligan avec un plaisir intact (mention spéciale à Robert Forster, disparu le jour de la sortie…), que les acteurs sont tous unanimement géniaux et qu’il est difficile de retenir une larme (de joie cette fois) durant les dernières minutes du film. Et non, car l’on peut également garder en tête l’émouvante fin de « Felina » (dernier épisode de Breaking Bad) et laissé travailler notre imagination sur le futur de Pinkman… A vous de voir !
El Camino : A Breaking Bad Movie
Réalisé et scénarisé par Vince Gilligan, Avec Aaron Paul, Bryan Cranston, Jonathan Banks,
Jesse Plemons, Charles Baker, Matt L. Jones, Robert Forster & Krysten Ritter.
Aaron Paul résume la série Breaking Bad en moins de 3 minutes chez Jimmy Kimmel Live !
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