Deuxième album pour le trio Hip-Hop de chez Rhymesayers, qui tire son nom de Mary Mallon aka « Typhoïd Mary », connue comme la première Américaine porteuse de la fièvre typhoïde au début du XIXème siècle, qui a contaminé une bonne cinquantaine de personnes avant de tirer sa révérence quelques décennies plus tard. Un nom bien choisi, puisque les albums de Mary Mallon (le groupe) contamine ses auditeurs aussi vite que Mary Mallon (la porteuse) ses victimes.
Il y a trois ans, le groupe (Aesop Rock, Rob Sonic et Dj Big Wiz) avait déjà annoncé la couleur, et Are You Gonna Eat That?? (2012, Rhymesayers) figurait dans bon nombre de top de fin d’année. Avec Bestiary, le trio place la barre encore plus haut et livre un putain de bon disque Hip-Hop, à la fois sombre et drôle, dont les titres rendent accro’ à la première écoute. Si Aesop Rock a une sacrée réputation qui le précède (notamment sur l’ancien label d’El-P Definitive Jux, ou plus récemment avec l’excellent album Skelethon) et qu’il a su rester sur le devant de la scène, on ne peut pas en dire autant de Rob Sonic (emcee pourtant doué mais beaucoup moins productif que Bavitz) et de Dj Big Wiz, quasi inconnu au bataillon, qui fait pourtant des merveilles derrière ses platines. Les trois comparses semblent réellement s’éclater, et, en plus de sortir des perles aux influences variées, se retrouvent dans leurs conneries. En guise d’interlude, entre les pistes, on suit l’histoire de trois crétins finis qui décident de lancer un concert de charité pour la réouverture de leur salle de bowling local.
A l’écoute de Bestiary, on pense d’emblée au célèbre projet d’El-P et Killer Mike (Run The Jewels), qui mélange comme HMM Hip-Hop, Electro et lyrics au second degré assumé, mais là où le deuxième album de RTJ paraît à certains moments un peu fourre–tout, Aesop, Rob et Whiz se distinguent par des productions plus fines, et une tracklisting moins agressive qui alterne brûlots rentre–dedans et morceaux plus calmes. Les productions oscillent entre titres 100% Hip-Hop avec d’impeccables scratches de Big Wiz (« The Red List », « The Soup ») et compo’ d’un Electro/Rap menaçant qui rappelle beaucoup les prod’ d’El-P (« Jonathan », « Dollywood »).
Sur quatorze pistes que compte l’album, plus d’une moitié sont de véritables tubes (l’imparable « Krill » et sa basse crasseuse et entraînante, le single « Kiln » ou l’arabisant « Hang Ten »). Au risque de se répéter, on le crie encore une fois haut et fort, Rhymesayers reste LE label de Hip-Hop le plus intéressant de ces dix dernières années, et Bestiary, l’album Rap de l’année.
Hail Mary Mallon Bestiary Rhymesayers/Ada
Site web d’Ada du label Rhymesayers.
Chronique publiée dans le magazine New Noise.
TRACKLIST:
Side A
Jonathan
Krill
Used Cars
Dollywood
The Soup
4AM
Hang Ten
Side B
Whales
Merlin
Picture Day
Kiln
King Cone
Octoberfest
The Red List
Album également en écoute sur Spotify et Bandcamp.
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