Si parmi les groupes rock nord-américains emblématiques, il y en a un dont onpouvait attendre une biographie quand bien même le groupe est toujours enactivité 40 ans après ses débuts, c’est bien Bad Religion.
Bad Religion est dans l’imaginaire collectif le groupe californien qui lança le hardcoremélodique, le punk à roulettes ou tout autre dénomination dont on veut bienl’affubler. Sans Bad Religion, c’est tout un pan du rock qui brilla particulièrementdans les années 90 qui n’existerait pas. Pas de Bad Religion, pas d’Offspring pourn’en citer qu’un. L’histoire de Bad Religion et de son label, Epitaph Records, estétroitement liée. Les deux avancent ensemble, évoluent ensemble et, c’est quand Bad Religion quitte Epitaph que le label connaît le succès avec Smash d’Offspring. Bad Religion rentrera au bercail après une escapade peu convaincante chez une major compagnie.
L’histoire que nous raconte le fanzineux Jim Ruland est somme toute presque banale. Une bande de copains d’une banlieue peu ragoûtante de Los Angeles monte un groupe punk. Le chanteur poursuit ses études en parallèle pourdevenir un brillant scientifique. Il réussira toujours à allier ses deux activités même aux périodes les plus fastes du groupe. Il est autant passionné par le punk que par la science et ça rejaillit dans les textes de Bad Religion qui sont un modèle du genre. Si on attend des anecdotes croustillantes, avec Bad Religion, c’est raté. Les nombreux musiciens passant par le groupe ont des vies relativement calmes et, hormis les addictions de certains membres, particulièrement à l’alcool plus qu’aux drogues, tous ont des vies bien rangées. L’auteur n’a pas eu matière à s’égarer du sujet. Où on s’attend à des musiciens élevés au punk, on découvre un chanteur fan de musique progressive des années 70’s. C’est la génération qui veut ça. L’histoire de Bad Religion est brillamment écrite par Jim Ruland et traduite en français par Guillaume Magueijo et Stéphane Cupillard, avec des interventions de presque tous ceux qui ont joué dans le groupe en appui aux propos de l’auteur.
Tous les fans de Bad Religion et ils sont nombreux, vont évidemment dévorer le livre qui s’adresse aussi aux fans de punk à roulettes californien pour comprendre comment ce genre musical a pu percer et traverser les mers au point d’en devenir un style à part entière servant de matériau de base à de nombreux jeunes groupes devenus célèbres tel Blink-182 pour n’en citer qu’un. De là à dire que Bad Religion est une institution, pas sûr que le groupe validerait ce statut.
Jim Ruland Do What You Want, l’histoire de Bad Religion Kicking Books
Traduit par Guillaume Magueijo et Stéphane Cupillard
(296 p., 25 €)
Version française (Kicking Records)
version originale (Hackette Books)
Retrouvez-nous sur