Loin d’être des stars du Rap, mais pas totalement inconnus non plus. Atmosphere est là, quelque part entre les deux. Vingt ans déjà qu’Anthony « Ant » Davies et Sean « Slug » Daley et leur Hip-Hop de papa sillonnent leur Amérique natale, avec en moyenne un nouvel album tous les deux à trois ans. Bien rodé et parfaitement dans le timing, les voilà de retour avec Mi Vida Local.
Au sein d’Atmosphere comme chez Rhymesayers, le label qu’ils ont tout deux fondé, Ant & Slug sont à la tête d’un bel empire dans le Hip-Hop indé’. Respecté et suivi par une forte communauté de fans depuis ses débuts, le duo est resté fidèle à ses racines, offrant année après année un Hip-Hop intelligent à mille lieues de la soupe commerciale qui inonde Tv & radio. Sa musique plait toujours autant à ses fans, tout en laissant indifférent le grand public. Pour preuve, le groupe n’est quasi jamais invité par les traditionnels « Late shows » américains et ne fait toujours pas les couvertures des magazines. Depuis When Life Gives, You Paint That Shit Gold (2008, Rhymesayers), LA pierre angulaire de leur discographie, Atmosphere a passé un cap. Son Rap est devenu plus posé et adulte mais surtout, plus original dans son approche, s’éloignant du Hip-Hop traditionnel, notamment grâce à des productions plus instrumentées et plus riches que par le passé et, bien sûr, grâce à des textes et une écriture plus mature et introspective. Slug a affiné sa plume en s’affirmant comme un véritable songwriter, aussi doué dans l’écriture de textes personnels comme d’histoires et personnages totalement fictifs. Depuis, chaque album a suivi le même chemin, avec plus ou moins de réussite.
Mi Vida Local, plus homogène et plus court que son prédécesseur, réussit donc là où Fishing Blues (2016, Rhymesayers) s’était planté. Il va à l’essentiel et ne se perd pas dans des longueurs inutiles. Le duo avait maladroitement rempli un tiers de son précédant album de nombreuses collaborations, comme il est courant de faire dans ce style de musique, mais le résultat s’était avéré plus bourratif que prestigieux, malgré la qualité des featurings (MF Doom ou Aesop Rock). C’est un fait, Atmosphere n’est pas un groupe de Hip-Hop comme les autres, et Slug n’est jamais aussi bon que lorsqu’il rappe seul. Ses lyrics sont ceux d’un emcee quadragénaire qui semble enfin en paix avec lui même, marié et père de famille, Daley rappe sur la famille, ses amis, l’art ou la vie en général; son flow a perdu en hargne ce qu’il a gagné en finesse. Une fois de plus épaulé par le multi-instrumentiste G. Koop -Homme à tout faire, à la fois guitariste, claviériste et percussionniste- et le Dj Plain Ol’ Bill aux scratches, Atmosphere est à son meilleur sur des titres tubesques (« Jérome », « Stopwatch », « Anymore », « Specificity », « Mijo » ou « Graffiti ») comme sur des ballades aux tempos plus lents, des textes et un flow plus poignants (« Virgo », dans la lignée du classique « Guarantees »).
Avec son neuvième album studio, le duo du Minnesota ne bouleverse pas les codes qui ont fait son succès, mais confirme sa position de leader d’un Rap intelligent. Mi Vida Local est clairement le disque d’Atmosphere le plus cohérent et réussi en dix ans!
Atmosphere Mi Vida Local Rhymesayers
TRACKLIST:
Side A
Jerome
Stopwatch
Virgo
Side B
Delicate
Drown
Anymore
Side C
Earring
Trim
Specificity
Side D
Mijo
Randy Mosh
Graffiti
Bonus tracks
Side E
Make It All Better Again
Side F
Sleeping On The Bright Side
Album également disponible sur Apple Music, Bandcamp, Qobuz & Spotify.
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