Pour affronter les Chroniques de Mertvecgorod, sous titre du roman, y’a intérêt à avoir le cœur bien accroché et pas être du genre trop émotif au risque de gerber tout son quatre heures en pleine lecture.
Christophe Siébert s’amuse à pousser les curseurs d’une civilisation en fin de cycle à travers un roman d’anticipation douloureusement clairvoyant. L’histoire se déroule dans un futur très proche dans un pays imaginaire appartenant au bloc de l’Est, dans une mégalopole où se concentre la déchéance humaine sous toutes ses formes. Avril 2025, un attentat à Mertvecgorod fait 8000 morts, des dizaines de milliers de blessés et 5000 disparus. Un beau bordel. À partir de cet événement, l’auteur déroule des chroniques attestant que l’homme a fait de cette planète une décharge publique à son image où tout n’est que narcissisme, perversité, atrocités et violence. Ces images de la fin du monde sont la dernière étape avant l’extinction de l’homme tout d’abord et très probablement de la planète. Pour rédiger ses chroniques, l’auteur puise son inspiration à plusieurs sources pas toutes identifiables même si on en reconnaît quelques-unes comme J.G. Ballard, mais provenant vraisemblablement toutes de la trash-culture la plus extrême. Pas gore. Extrême dans le sens où Christophe Siebert puise dans les plus bas instincts de l’homme, les plus répugnants pour mieux les exorciser ou, peut-être, les attiser qu’on en finisse une bonne fois pour toutes.
« Si on désire suffisamment la fin du monde, si on y consacre toute son énergie, tout son amour, qu’est-ce qui peut nous empêcher d’y arriver ? C’est ce qu’ils nous enseignent non ? (…) Nous, ce que nous voulons, c’est voir cramer ce monde de merde et tous ses habitants avec. » Pour lecteur averti, un sommet de la white-trash-culture.
Christophe Siébert Images de la fin du monde Au Diable Vauvert
371 p., 20 €
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