City Kids « Leader of the World »

Quelle surprise, trente ans après leur dernier album, les cultissimes City Kids​ ​font leur grand retour sur disque ! Et tu sais quoi ? Ils nous mettent toujours autant en joie, et encore, je me retiens à cause de vous tous, parce que sinon…

Les City Kids sont un des groupes majeurs de l’histoire du rock en France. Ils sont nés au cœur du réacteur : Le Havre. Arrivés en 1980, ils se positionnaient de façon très originale comme la version française de Radio Birdman versant Doors, avec un chanteur pianiste au timbre de voix inégalable. Une voix toujours aussi puissante et captivante, tantôt dramatique, tantôt symphonique. Entre 1983 et 1993, le quatuor a jalonné son parcours de six albums et une petite poignée de 45 tours, mais le disque
que le livre des records retient, c’est The Orphan’s Parade, leur chef-d’œuvre sorti en 1986 (Accord – Musidisc). Je vous renvoie à Hache tendre et gueules de bois (Kyklos Éditions, 2021) pour vous donner une idée des commotions cérébrales qu’il a provoquées chez moi. Un disque qui m’a toujours rendu hystérique, à chaque écoute, même encore aujourd’hui. Album enregistré et produit par la référence de l’époque pour avoir le son : Rob Younger (chanteur de Radio Birdman accessoirement) et son acolyte Alan Thorne. L’an dernier, en 2022, The Orphan’s Parade contenant les tubes interplanétaires « Poison Dream », « The Real Thing », « Dawn of Love » et d’autres, a bénéficié d’une réédition vinyle remasterisée par Dominique Blanc-Francard qui s’est également chargé de toute la partie logistique de The Leader of the World (enregistrement, mix et mastering). Trente ans après la cessation d’activité – que les Kids ravivent épisodiquement à l’occasion d’un concert par-ci par-là, généralement au Havre –, on retrouve le groupe en grande forme, les quatre même, musiciens géniaux, se nourrissant toujours aux mêmes sources : Radio Birdman, Doors, New Christs, John Cale. Dominique Comont au chant et au piano qui prend, parfois, des airs organiques à réveiller le spectre de Ray Manzarek, Pascal Lamy, un de mes guitar-heroes préférés au monde qui, en quelques notes, est capable de trousser un solo tempétueux avec calme et avec le plus beau son du monde et la monumentale rythmique composée par Stéphane « Paxo » Lesauvage à la batterie et Christophe « Glitter » Paillette à la basse. Ces quatre-là, que ce soit sur scène ou sur disque, ont toujours été d’irréprochables serviteurs du rock’n’roll, privilégiant toujours la qualité à la quantité, l’impact n’en est que plus redoutable et, une fois de plus, ils le prouvent avec un grand disque encore éclairé par un tube, la très impliquée « Movin’ On For Love », parce qu’avec les Kids, les textes ont une signification. Chez ces gens-là monsieur, on ne parle pas pour ne rien dire. Au rayon reprises, on trouve « If You Have Ghosts » empruntée à Roky Erickson et « Song Dance » à Pavlov’s Dog. Celle-là, il fallait aller la dégotter. Ce nouvel album du dernier chic se conclut par une « People » qui pourrait bien amorcer une nouvelle étape dans la carrière des City Kids, un morceau soutenu principalement par le piano, comme chez John Cale. L’album est dédié au photographe William Klein avec qui les Kids entretenaient des liens privilégiés puisque les pochettes des premiers albums étaient illustrées de ses photos, et à Guy-Georges Gremy qui remplaça quelques temps Pascal Lamy à la guitare en 1981, et qui est surtout connu pour avoir été le célèbre guitariste de Little Bob Story. The Leader of the World est havrais, la preuve !

City Kids Leader of the World May I Records/Kizza Me ! Records

Face A

Western Third World
Another Gun
Jasmin
A Repeat Offender
The Leader of the World

Face B

Movin’ On For Love
Song Dance
Mother Earth
If You Have Ghosts
People