Si nous n’avions pas des sentinelles postées en divers points stratégiques du pays pour nous alerter à chaque nouveau mouvement intempestif d’une jeunesse écrevelée, jamais l’écho de ce septet composé de forces vives provenant de tous les territoires ne nous serait parvenu. COE a élu domicile en Corrèze, dans une ville hospitalière accueillant les exilés visiblement, à Meymac. Il faut un cadre paisible et verdoyant pour mettre au point une mécanique pareille, que bien des Anglo-Saxons peuvent nous envier.
Inutile de chercher à caser City of Exiles dans un registre trop exigu pour un groupe aux reflets changeants selon l’heure à laquelle on l’écoute et l’angle émotionnel sous lequel on l’entreprend. Un album affranchi de ses légères influences à peine perceptibles si ce n’étaient les voix aux tonalités automnales. Le groupe croise proche de Leonard Cohen et Nick Cave avec des intentions plus audacieuses grâce à une instrumentation intrépide. COE est une formation classique guitare basse batterie ; à cela se rajoutent des claviers, des instruments de torture électroniques et le violon de Pauline Denize qui se partage également le chant avec Guillaume Lebouis. Les touches électroniques sont suffisamment diluées pour ne pas entacher les orchestrations entre chien et loup quand bien même des habillages 80’s en nylon surgissent épisodiquement (“Heart Away”). Chez COE, la technologie synthétique ne sert généralement qu’à lubrifier les mélodies. L’ambiance n’est toutefois pas à la gaudriole. C’est tendu sans être asphyxiant ni dépressif. Un blister mélancolique galbe le disque. La version de “One Silver Dollar” que Marylin Monroe chanta pour la première fois sur scène le 29 avril 1954, interprétée par Pauline Denize, est sobrement drapée dans un halo soyeux. Bref, un disque que tous les disciples de Nick Cave devraient s’emparer avant qu’il ne leur échappe.
City of Exiles City of Exiles autoproduction
TRACKLIST :
Amor For a Broken Heart
Someone
Mirror (Now You Are Here)
Before You Go (Sunset)
Le coleil
Heart Away
One Silver Dollar
Dirty Lovers
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !
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