Doomtree « All Hands »

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Depuis No Kings (2010), les sept membres de Doomtree nous avaient tenus en haleine, sortant tour à tour leurs projets solos, de We Don’t Even Live Here par P.O.S. (Rhymesayers, 2012) au plus récent Hella Frreal (2014, Doomtree) de Mike Mictlan.

Si l’évolution du groupe/collectif est plus qu’évidente sur ce nouvel opus, à l’écoute de All Hands, on saisit mieux ce virage électro que le groupe emprunte. Un virage annoncé sur le deuxième album, puis sur le dernier P.O.S. Car le collectif, en constante évolution, semble vouloir sortir des sentiers battus. Il y parvient en proposant un hip-hop hybride sacrément original. Si, en 2010, No Kings sonnait comme la meilleure sortie du label, All Hands, lui,  est sans aucun doute leur disque le plus homogène, le plus abouti et, finalement, le plus logique.
Alors que toute la première partie de ce troisième album déroute et nous prend de cours avec des instru’ mêlant electronica, rap rageur avec une atmosphère punk et parfois quelques sonorités R&B, tout prend un sens et une nouvelle tournure avec ”Mini Brute” sur la seconde partie, excellent morceau aux lyrics aussi soignés que sa production, à la fois léchée et bordélique. Sans aucun doute un point culminant du disque. A partir de là, tout s’imbrique, une logique s’installe et de vrais tubes s’enchainent. Les productions, aussi complexes que sombres, font mouche à tous les coups, mais méritent tout de même plusieurs écoutes attentives, afin d’en saisir les nuances. Et si No Kings laissait filer un ou deux titres  avec un second degré assumé, All Hands, lui, montre clairement que la déconnade est terminée.
Enregistrés dans une cabane isolée au milieu des bois en, à peine, une dizaine de jours, ces onze morceaux voient le collectif apparaître plus sérieux que jamais, abordant aux travers d’histoires fictives ou réelles des sujets graves, comme par exemple lorsqu’il évoque l’assassinat d’un jeune Black dans le New York des années 80 (« .38 Airweight »). Les prod’, signées Cecil Otter, Paper Tiger, Lazerbeak et P.O.S., sont toutes de véritables compo’, parfois basées sur des riffs de guitare, mais jamais sur des samples, comme dans un titre de rap basique.

Doomtree réinvente les règles du genre, et livre un troisième effort unique et original, à l’opposé du rap mainstream que Tv et Radio nous abreuvent 7 jours sur 7, un putain d’OVNI, passionnant de bout en bout. Punk ? Rap ? Electro ? Doomtree, c’est un peu tout ça à la fois !

Doomtree All Hands Doomtree Records

TRACKLIST:

Side A

Final Boss
My Own Nation
.38 Airweight
Gray Duck

Side B

Heavy Rescue
80 on 80
Mini Brute

Side C

Cabin Killer
Beastface
The Bends

Side D

Generator
Off In The Deep
Marathon



Album également en écoute sur Bandcamp et Spotify.









Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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