Avertissement : candidat au titre d’album de l’année en approche ! Je répète pour les malentendants : candidat au titre d’album de l’année en approche ! Avec un casting pareil, on s’attendait à du massif, à du consistant, mais là, ça dépasse les bornes des limites, c’est triple ration de rab’… Between Nowhere and Goodbye est déjà un album essentiel, réalisé par le plus retentissant des
all stars band du milieu indé français de la décennie. Et tout ça est rendu public au vu et au su de tous, sans sommation… Si ton cœur balançait jusque-là entre Hüsker Dü et Moving Targets, Go Public va te réconcilier avec les deux.
Depuis Busyman, Salim Zouaraa (ex-Sixpack, ex-Wei-Ji) n’avait pas repris du service. Mais ça le démangeait. Il composait, chez lui, à l’abri des regards. Avec son ami, le guitariste Varou Jan (ex-Condense, Le Peuple de l’Herbe), ils décidèrent de pousser l’expérience en montant un vrai groupe, pour faire un vrai disque, et de vrais concerts. Pour ça, ils firent appel à de vieux copains : Hugo Maimone (ex-Parkinson Square, ex-Garlic Frog Diet, Dot Dash !) à la batterie et Thibault Gillard (ex-Not Scientists, Slaughter & The Dogs) à la basse. Un casting à faire vaciller les majors compagnies ! Trop tard, c’est un label indé qui a emporté le jackpot. On savait Varou brillant à la guitare, là, il nous fait un récital. Il maitrise le son, la dramaturgie et la mise en scène de chaque chanson, avec des idées de mélodies et d’harmonies de génie. Ce mec est non seulement un guitariste talentueux, ça, on le savait déjà, mais c’est aussi un parfait scénariste musical, doté d’un don affuté pour la tragédie instrumentale. Vous me direz, c’est facile de soutenir une voix comme celle de Salim – une des plus belles que le rock ait engendrées ces trente dernières années en France –, portant des textes aussi intelligents. Une voix qui laisse suffisamment de latitude aux musiciens pour s’exprimer. Encore faut-il avoir l’inspiration et l’imagination. Plus que jamais, comme à l’époque de Sixpack, on va resservir à Salim Zouaraa son étonnant timbre de voix, proche de celui de Bob Mould. On ne comprend d’ailleurs toujours pas pourquoi ces deux-là, Zouaraa et Mould, n’ont pas encore enregistré ensemble. Avec un chanteur et un guitariste pareils, il fallait une rythmique cossue, prête à supporter une charge pareille. Même si la guitare est riche et mélodieuse, la basse/batte contribue à amplifier et épaissir les morceaux. Au point d’ailleurs où, pour la scène, pour ajouter du mordant, du grip, le groupe s’adjoindra les services d’un deuxième guitariste : Pierre Mestrinaro (ex-Burning Heads, Pit Samprass) – histoire de maintenir le taux élevé de notoriété de all stars band du groupe –, ce qui permettra à Salim de se consacrer uniquement au chant. Go Public ! rend public des histoires qui tiennent à cœur son chanteur, principal auteur-compositeur du groupe ; des histoires qui traitent des gens de l’ombre, des « invisibles » comme il le dit lui-même, celles et ceux confrontés aux frustrations et aux violences de toutes sortes : sociale, verbale ou physique. Avec un très joli intitulé – une phrase extraite de l’explicite « 634269 » –, et un bien bel emballage typé « punk rock américain », conçu par Gaspard Ollagnon, ce premier album marque durablement les esprits. Si tu ne vas pas à Go Public ! Go Public ! viendra à toi, sache-le pour planifier tes vingt ans à venir.
Go Public ! Between Nowhere and Goodbye Twenty Something
TRACKLIST:
Face A
2 Old 2 Die
All Faith Lost
Snowball
Getting Late
Caribbean’ 68
FM1
Face B
634269
Blind Heart
Sheishimheisher
In a Park
Restless Kid
A Rose in her Hair
Album disponible sur Bandcamp, Qobuz & Spotify,
mais aussi et surtout, chez tous les bons disquaires indé’ !
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