Dans ce roman, aussi court que turbulent, l’auteur auvergnat nous emmène une fois de plus dans son propre jardin pour une histoire rocambolesque, en compagnie de personnages truculents.
À l’instar de nombreux auteurs américains, Laurent Mathoux installe toujours son récit autour de chez lui, dans un cadre et un environnement qui lui sont familiers. D’ailleurs, le roman débute juste à côté de chez lui, à Aubière, dans la banlieue sud de Clermont-Ferrand. Chiner la ferraille démarre comme un reboot du génialissime Body de Harry Crews (La Noire, Gallimard, 1994). Là, l’auteur ne nous raconte pas l’histoire d’une famille de culs-terreux qui emmène la petite au concours de Miss Cosmos, il décrit celle d’une famille de Gitans qui va soutenir le fiston surdoué à un concours de poésie. La famille se déplace en fourgon, toujours avec ses outils au cas où il y aurait un peu de ferraille à récupérer en route. Le romancier met en scène trois adolescents en situation de handicap, scolarisés dans un lycée spécialisé, à côté de Clermont, celui-là même où il enseignait jusqu’à sa toute récente retraite, il y a peu. Venant d’une commune située dans la banlieue nord de Clermont, les gamins se rendent à l’école en taxi. Mais un jour, leur chauffeur régulier, atteint de troubles mentaux, les emmène loin du lycée par inadvertance. Ce qui conduit cet étrange équipage composé de quatre freaks – le chauffeur et les trois adolescents – à croiser des trafiquants de drogue sur une aire d’autoroute. Heureusement que le petit Gitan est débrouillard. La rencontre entre les bikers manouches et les malfrats dans un camp gitan du côté de Saint-Flour, semble avoir été écrite par Georges Lautner, avoir été mise en scène par Takashi Miike et avoir été dessinée par Frank Margerin. Incontestablement, Laurent Mathoux possède des gènes de Harry Crews, voire même de Donald Ray Pollock, avec la description et le profil de personnages un peu tordus, mais surtout, il nous régale avec ce roman divertissant et fleuri.
Laurent Mathoux Chiner la ferraille Revoir Éditions
(147 p., 14 €)
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