Lizzy Goodman « Meet me in the Bathroom »

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À la fin des années 90, près de vingt ans après sa naissance officielle sortait Please Kill Me: The Uncensored Oral History of Punk*, un ouvrage sous forme de bible pour tous les amateurs du mouvement punk, co-écrit par l’inventeur du terme en question (Legs McNeil) et l’auteure/poète Gillian McCain. Devenu rapidement un classique, le livre a inspiré de nombreux émules dans le hip-hop (Can’t Stop Won’t Stop: A History of the Hip-hop Generation*de Jeff Chang) comme dans le punk/hardcore (Our Band Could Be Your Life**par Michael Azerrad en 2001). L’an dernier est paru chez Dey Street un nouveau fils spirituel du bouquin de McNeil & McCain: Meet Me In The Bathroom.

Retour en 2011, LCD Soundsystem joue ce qui devait être son dernier concert (le groupe a depuis fait son come-back) au mythique Madison Square Garden. Lizzy Goodman, journaliste au NME, à Rolling Stone Magazine ou au New York Times, fait partie des milliers de fans présents ce soir-là. Elle se demande si ce dernier show ne serait pas la fin d’une ère débutée une décennie plus tôt. Elle s’attaque alors à un énorme travail d’interviews sur près de six ans et recueille les propos des musiciens, producteurs, patrons de clubs ou journalistes qui, comme elle, ont vécu ce qu’on pourrait qualifier de renaissance du rock ‘n’ roll. Comme Please, Kill Me avant lui, l’ouvrage n’est pas avare en anecdotes, qu’elles soient drôles, tristes, de mauvaise foi ou parfois inventées de toute pièce – sur la scène new-yorkaise d’alors et, comme la génération Punk (mais un poil moins trash) bourrées d’excès en tous genre, qui semblent une fois de plus être la source d’un grand nombre de conflits mais, surtout, d’albums majeurs.
Si le livre a pour principaux protagonistes les Strokes (« Meet Me In The Bathroom » est un titre de leur album Room On Fire), LCD Soundsystem, les Yeah Yeah Yeahs, Interpol, Ryan Adams, Jonathan Fire Eater (futur The Walkmen), TV on the Radio et autres Moldy Peaches, le fil conducteur reste (et pourrait même être considéré comme LE personnage principal du livre) le New York post 9/11. Goodman souligne à travers ses entretiens la solidarité (ou la concurrence pour certains) qui existait entre les groupes de l’époque, tout en réalisant à quel point Manhattan et Brooklyn étaient séparés par une frontière tels deux continents. En plus du retour d’un genre musical en perte de vitesse à la fin des années 90, on assiste au début de la décennie suivante à la naissance des premiers blogs et de la presse digitale ou à l’explosion du format numérique et de la musique piratée, des changements majeurs vu de l’intérieur, qui ont changé le monde de la musique à jamais.

Fascinant document sur une renaissance qui a permis à un grand nombre de formations de voir le jour, MMITB est une bible pour tous les adorateurs d’Indie Rock. Des chroniques musicales qui se verront d’ailleurs adaptées d’ici peu sous la forme d’une série documentaire en quatre parties (réalisé par Will Lovelace and Dylan Southern -la paire responsable du docu’ Shut up and Play the Hits– et produit par Pulse Films) Si l’on peut regretter l’absence ou les trop courts témoignages de formations parfois au moins aussi importantes, on peut peut-être espérer qu’une suite voie le jour et prenne le relais pour nous conter une nouvelle page de l’histoire du Rock, un style musical qui ne mourra définitivement jamais.

Lizzy Goodman (traduit par Jean-François CaroMeet me in the Bathroom
(2017, Dey Street Books & 2023, Rue Fromentin)
640 pages, $26.99 (en anglais) en vente ici.
658 pages, 29,00€ (en français) en vente par .

* et ** Traduit en 2006 chez Allia par Heloïse Esquié.
*** Traduit en 2018 chez Camion Blanc par Angélique Merklen.



Couverture originale
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Trailer du livre adapté en film documentaire par
Dylan Southern & Will Lovelace (Shut Up And Play The Hits).

Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

One Comment

  1. Le livre est maintenant sorti en version française aux éditions Rue Fromentin avec une traduction de Jean-François Caro et une couverture d’Hedi Slimane, autre témoin de l’époque !

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