Précédé depuis des mois par l’imparable single « Fashion Drunk », le premier album du duo Otis Stacks est arrivé en ce début d’année comme un beau cadeau pour tous les amoureux de grooves cotonneux, de sensations Soul élégantes et feutrées. Sans être la révélation du moment, ce délicieux long format tire son épingle du jeu par sa musicalité et son intelligence, mais aussi par sa matière sensible indéniable.
A n’en point douter, Elias Walace et JustMike ont rendu hommage à la grande musique Black, qui les imprègne depuis des années dans leurs projets respectifs. A travers de nombreuses collaborations comme le collectif de rappeurs de Cincinnati, Scribbling Idiots pour Elias l’Américain et à travers le groupe Dafuniks pour le Danois Michael Munch, la face la plus visible de son travail de producteur et de beatmaker. Porté par son travail d’orfèvre en matière de sampling et de compositions, les morceaux pourraient s’inscrire dans la continuité sonore de grands musiciens afro-américains, qui ont marqué de leurs empreintes musicales le siècle dernier : Prince, Stevie Wonder et par effet de miroir, forcément, le génie Shuggie Otis (ce qui aurait grande valeur sur le morceau « Sorry »), dont le groupe pourrait tirer son nom. Néanmoins l’explication varie selon les interviews comme une sorte de « private joke », pouvant aussi bien placer Otis Redding comme l’explication la plus plausible, au même titre que le label Stax! Il est donc ici question d’une soul organique, spacieuse et aérienne qui se love dans des tempos nonchalants (excepté « Go Back To Your Lover ») propices à la voix de velours généreuse d’Elias. En se donnant du temps, les deux complices installent pour chaque morceau les éléments d’une atmosphère, d’une ambiance qui favorise le processus narratif. Intime et profond, ce disque nous raconte ainsi avec beaucoup de générosité et de simplicité, la danse des sentiments humains, comme celui d’aimer une personne qui en train de partir « Ever Felt ». La Soul et bien avant elle, le Blues, ont toujours évoqué l’amour avec beaucoup de force, parfois avec beaucoup d’emphase et de poésie. Ainsi, à ceux qui auraient attendu un album de Hip-Hop façon Quannum (Latyrx, Blackalicious…) après le trompeur mais génial, « Fashion Drunk », ce LP est plus proche dans l’esprit d’un Aloe Blacc époque Good Things (2010, Stones Throw Records) ou d’Anderson.Paak époque « Malibu » (2016, OBE). Au fil des écoutes, il se transforme même en un habile compagnon de voyage, à l’image de ces disques humbles et lumineux sur lesquels nous revenons régulièrement.
Fashion Drunk est de la trempe de ceux qui restent bien plus qu’ils ne passent, dépassant aisément de premières impressions souvent faussées par d’insupportables considérations à peine avouables, et oubliant l’essentiel, la musique.
Otis Stacks Fashion Drunk Underdog Records
TRACKLIST:
Side A
Fashion Drunk (Feat. Gift of Gab)
The Game
Sorry
Little Pretty
Ever Felt
Side B
It’s Not Real
9th Street
Go Back To Your Lover
Never Stop
Album également disponible sur Spotify.
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