The National, Ride, Kevin Morby et Rone au Pitchfork Paris Festival.

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Pitchfork, célèbre webzine autant détesté qu’idolâtré défend, depuis sa création, une certaine idée du bon goût en matière de musique indépendante comme mainstream. Décliné sous la forme d’un festival il y a maintenant onze ans à Chicago, puis quelques années plus tard, à Paris. Le média présentait début novembre sa septième édition parisienne avec une programmation toujours aussi pointue et éclectique. Récit de la première journée, chapeautée par The National.

Dès l’entrée dans la Grande Halle, on ne peut que saluer l’aménagement du lieu. Chaque mètre carré a été intelligemment pensé afin d’offrir au public branché du festival de multiples moyens de dépenser son argent. Au rez de chaussée, deux scènes, situées l’une face à l’autre, permettent aux concerts de s’enchaîner dans un laps de temps considérablement réduit, mais pas suffisamment pour savourer un verre trop cher payé ou pour prendre le temps de se placer convenablement.

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Rone par Alban Gendrot ©

Notre arrivée tardive Parc de La Villette nous prive des premières prestations: Ethan Lipton & His Orchestra, Moses Sumney, Chassol et les très bon This Is The Kit. On se console avec l’impeccable set du français Erwan « Rone » Castex (en remplacement de Mina Tindle) sans fioriture (avec une scénographie succincte) mais redoutablement efficace. Le musicien tease quelques extraits de son album Mirapolis (sorti chez InFiné), sur lequel il est notamment secondé par le batteur John Stanier (Battles), ainsi que des titres de Nocturnes, sorti deux ans plus tôt et sur lequel apparaissait (entre autres) un certain Bryce Dessner.

On attendait beaucoup des légendes du Shoegaze Ride et ce, malgré leur très moyen come-back en studio sur Weather Diaries (Wichita Recordings). Andy Bell, Laurence Colbert, Mark Gardener & Steve Queralt entament leur set avec le récent single « Lannoy Point » -un titre rudement efficace- mais très vite, le soufflet retombe et le groupe peine à captiver un autre public que les fans de la première heure et ce, malgré la présence de quelques merveilleux extraits de Nowhere (1990, Creation) dont « Seagull », « Dreams Burn Down » ou encore l’immense « Vapour Trail ». Déception.

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Kevin Morby par Vincent Arbelet ©

Aperçu il y a quelques mois sur la scène de l’Épicerie Moderne à Feyzin, le trentenaire Kevin Morby et son groupe nous font une fois de plus forte impression. L’Américain interprète avec une classe folle quelques beaux extraits du génial City Music (2017, Dead Oceans), dont l’hommage aux Ramones « 1234 » ainsi qu’un best of absolument imparable tiré de ses trois précédents disques. Mention spéciale au sublime « Harlem River » et à la brillante guitariste Meg « Hand Habits » Duffy. Afin de ne pas se retrouver trop éloigné pour le dernier concert de la soirée, on quitte, le cœur lourd, Kevin et sa bande avant la fin de son set…

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The National par Alban Gendrot ©

Quelques mois après un concert surprise au Cent-Quatre, pendant lequel ils ont présenté une bonne partie de leur septième album Sleep Well Beast (4AD), les National sont très attendus. En témoigne le nombre impressionnant de spectateurs présents bien avant le début du concert. Le groupe revient tout juste Chicago il a donné une courte prestation à l’initiative de l’ancien Président Barack Obama, une présence qui leur a valu d’annuler deux concerts à Bruxelles (depuis reprogrammés).
Berninger et sa bande donneront ce soir un set propre mais écourté, sans rappel et taillé pour les festivals (une première chez nous!) tout en réservant à leurs fans de belles surprises avec notamment le retour dans leur setlist de « Karen », en ouverture, puis de « Secret Meeting » plus tard, deux extraits de Alligator (2005, Beggars Banquet).
La suite? De beaux extraits de près de 20 ans de carrière (les classiques « Fake Empire », « Bloodbuzz Ohio », la ballade « I Need My Girl » ou « Don’t Swallow The Cap » que Bryce dédicace à sa femme Pauline aka Mina Tindle) joués avec toujours autant de classe et de précision, mais sans grande surprise. Matt Berninger parait fatigué, la voix un peu cassée. Lui qui offre d’ordinaire de beaux moments de folie reste étonnamment calme (excepté sur l’hymne Punk politisé « Turtleneck », dédicacé au « nazi préféré des Américains » où il s’offre un bain de foule). Après avoir incité l’auditoire à chanter avec lui le pont de « Slow Show », il n’hésitera pas à lancer un « How can so many people can be wrong at the same time? ».

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Matt Berninger (The National) par Vincent Arbelet ©

Les natifs de Cincinnati dans l’Ohio interpréteront également quelques pièces de leur ambitieux nouvel album sorti à la rentrée, dont l’énorme tube « The System Only Dreams in Total Darkness », « Guilty Party », « Day I Die », « Carin at the Liquor Store » ou encore l’expérimental « Sleep Well Beast » (en collaboration avec Rone), « I’ll Still Destroy You » et « Walk It Back », deux titres qui prennent encore plus d’ampleur en live.

« Terrible Love » (complètement foiré sur l’intro’) clôture le set et les frères Dessner, Devendorf, Matt Berninger, Ben Lanz et Kyle Resnick quittent la Grande Halle de la Villette après 1h15 d’un show très pro’, mais qui laissera bon nombre de fans sur leur faim, attendant impatiemment un potentiel retour en France, hors festival…

Pitchfork Music Festival (Jour 1)
Avec The National, Kevin Morby, Ride, Rone,
This Is The Kit, Chassol, Moses Sumney et Ethan Lipton & His Orchestra.
Salle: La Grande Halle de la Villette
Production: Super!
Promotion: La Cadence
Photo: Alban Gendrot & Vincent Arbelet ©



Chroniques des albums
City Music de Kevin Morby (2017, Dead Ocean) et Sleep Well Beast de The National (2017, 4AD).

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Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

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