Ce troisième album du power trio virait à l’arlésienne. Le précédent date tout de même d’octobre 2016. Un bail. Cela dit, six ans d’attente pour se prendre une ogive pareille dans le coin de la gueule, cela valait le coup de patienter pour se faire décongestionner les boyaux de la tête.
Tu ne me diras pas, plus personne n’ose encore faire un tel soul power garage rock hi-energy, largement arrosé d’une bonne rasade de Stooges pour aviver la flamme et faire en sorte que la carapace s’embrase au contact de l’air, dès son entrée dans l’atmosphère. Le trio emmené par Blutch-chanteur-guitariste et catapulté par Tim-le-batteur et Dol-le-bassiste, pète sauvagement le feu. Blutch, je le marque à la culotte depuis le paléolithique, et je peux te certifier que le gars n’a jamais fait dans la limonade frelatée de barrel house. C’est un viandard. Il est adepte de l’accord majeur barré, mais toujours avec une pointe glamour power soul. Des intentions à la MC5 en quelque sorte. L’élégance même. Ce nouvel album n’échappe pas au traitement de choc électrique. Ça désosse les molaires à la clé à molette, ça détartre les oreilles au marteau-piqueur, ça débourre le percheron à la schlague. Et n’écoutes pas, mais alors surtout pas, « The Naked Truth » en fin d’album, tout le rock dynamite de la fin des années 60 / début 70 risque de te péter à la gueule. Il y a dans les 6’20” que dure le morceau, un hommage appuyé à toute la noblesse au sang blues de l’époque. Sur ce disque, Blutch s’essaie avec succès au français avec « Croix blanche ». Le morceau est construit de telle façon – voix comprise –, qu’on croirait avoir affaire à Parabellum. On trouve évidemment quelques titres, comme « Week-
End » ou « Face To Face », marqués du sceau Stooges/MC5. Autant dire que nous, ici, à Slow Show, on jubile, comme dirait Buffalo un jour de rodéo à Reno. De façon surprenante, l’album ouvre avec « Underworld » qui penche du côté Dead Kennedys pour le côté surf punk et la voix de Blutch. Cela reste une exception. Underworld sort chez Beast, mais quand Tim Warren l’entendra, il va vouloir relancer Crypt Records, rien que pour signer les Strong Come Ons. Ne me quitte pas – tout peut s’oublier –, sans t’avoir auparavant signalé la très jolie pochette du disque, œuvre de Guillaume Brabant, lui aussi orléanais, comme Strong Come Ons. Tant qu’il restera des allumés pareils, le rock se portera comme un charme.
Strong Come Ons Underworld Beast Records
Face A
Underworld
SF Children
Week-end
Face To Face
Croix blanche
Face B
I Feel Alright
Sally Bell
Lobotomized
The Naked Truth
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