L’excellence sera toujours la qualité la mieux partagée en Australie, qu’il soit question de Rugby ou de musique Pop/Rock. Il y a des choses comme ça, immuables. Pour cette raison, il faut toujours se tenir au courant des groupes qui pointent le bout de leur nez sous peine de passer à côté de découvertes exotiques comme Terry.
Terry est composé de quatre drôles d’oiseaux, deux moineaux et deux mésanges, pour une parité bienvenue. Chacun jouant dans d’autres groupes : Total Control, UV Race, Dick River et EastlinK. Avec un patronyme qui sonne comme un nom de pote de fiesta, l’affaire se présente sous les meilleurs auspices. Quatre copains/copines qui cumulent leur propre identité musicale. Avec le premier album (HQ, 2016, Upset! The Rhythm), le groupe étonne et détonne avec un cocktail Post Punk, Pop, Folk, psyché, et que sais-je encore que l’on aurait mis dans un shaker et secoué brusquement pour l’avaler cul-sec . Une étrange impression d’écouter les Moldy Peaches qui auraient abusé de spiritueux et troqué leurs Clarks pour des Doc Martens nous effleure l’esprit, mais rapidement, toutes les étiquettes valsent devant un tel Ovni et nous, de sourire avec le groupe.
Le second album, intitulé Remember, est sorti cet été. Disons-le d’emblée, il est deux crans au-dessus de HQ. En effet, les loustics vont bien plus loin et les motifs de satisfaction se bousculent au portillon: le mélange des voix masculines et féminines, les gimmicks guitares/claviers formidablement accrocheurs, les mélodies, les saillies Punk, les idées qui débordent d’ingéniosité en matière d’arrangements malins, bref, un vrai marché aux puces de la Pop culture. Ainsi « Rio » et « Take Me To The City » sonnent comme du Papa Fritas qui se ferait bousculer par Royal Trux; « Give Up The Crown », « Start the Tape » et « Gun » défilent avec le drapeau rose de Wire et les pots de fleurs sur la tête de Devo pour trois titres balancés comme des uppercuts. On patauge les deux pieds dans une mare aux canards tout le long de « Heaven Heavies » et son sens du bonheur terrien. Quant à « Glory » et sa mélodie caoutchouc porté par le couple guitare/clavier, il ne nous lâche plus une fois que l’on a été harponné. Je préfère m’arrêter là pour vous laisser découvrir la suite.
Terry réussit l’exploit d’inventer son propre langage avec une instrumentation relativement commune: guitares, basse, batterie, claviers. Il sort de son chapeau dix titres au charme immédiat comme un magicien sortirait des lapins blancs. Le tour de force se fait en moins de trente minutes passées à des kilomètres de la banalité. Le quatuor fait démentir les grincheux qui affirment à longueur de temps que tout a été fait en matière de rock en bouleversant les ingrédients et les codes, en mélangeant plus qu’à leur tour la chèvre et le chou et en télescopant des univers contraires. Il nous prouve que la Pop musique est bien une langue vivante que l’on peut réinventer à loisir, de manière ludique et avec honnêteté.
Cela constitue une sacrée bonne nouvelle en ces temps où le formatage est devenu un enjeu plus philosophique qu’une simple question de mise en forme, pour des décideurs de plus en plus prompts à vouloir tout globaliser et uniformiser au risque de créer de futures générations à la parole et aux comportements stéréotypés et grégaires.
Terry Remember Upset! the Rhythm/Aarght
Page Bandcamp de Terry et site officiel de Upset! the Rhythm & Aarght Records.
TRACKLIST:
Side A
Rio
Start the Tape
Take Me to the City
Risk
Give Up the Crown
Side B
Heaven Heavies
Glory
Gun
The Colonel
Homage
Album également en écoute sur Bandcamp et Spotify.
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