Non content d’être un des labels les plus brillants et les plus élégants de la planète, le label Daptone diversifie aujourd’hui son somptueux catalogue, à grand renfort de nouveaux sous-labels comme Wick Records mais surtout de nouvelles signatures comme les génialissimes, The Frightnrs; Après un premier 45t, sobrement intitulé « I Rather Go Blind », c’est dans l’exercice du Long Play, que nos musiciens du Queens (New-York) imposent la vibe Rocksteady dans les merveilles du label de Brooklyn, avec cet exceptionnel Nothing More To Say.
Bien évidemment, tout ceci n’a rien d’une surprise tant le combo partage avec la maison-mère cet amour de la musique black, qui n’est finalement qu’une immense et même famille, qu’elle soit Soul, Gospel, Afrobeat ou Reggae pour notre objet du jour. Qui plus est quand les deux indispensables tauliers des Dap-Kings et du label, Thomas Brenneck et le producteur/musicien Victor « Ticklah« Axelrod jouent les invités de prestige, toutes les conditions sont réunies pour offrir un album d’exception, par sa qualité hors du commun mais aussi par une soif de vivre et d’aimer, qui l’illumine de part en part.
Que cet album soit devenu le chant du cygne du chanteur historique, Dan Klein, ajoute encore à la légende qui accompagnera pour toujours ce disque, depuis que le jeune homme a définitivement quitté ses copains avec qui il jouait depuis 2010, un beau soir de juin de cette année.
En fermant les yeux, dès les premiers « Skank » de « All my Tears » c’est toute une époque, qui ressurgit, une époque marquée par les premiers titres d’Alton Ellis, Derrick Harriot, The Gaylads, The Clarendonians, par les débuts du sorcier, Lee « Scratch » Perry, et bien sûr, par l’incontournable Studio One du mythique producteur « Coxsone ».
Le tracklisting défile, alignant les tubes comme des perles comme sur cette superbe reprise du hit de Bob & Gene de 1969, « Gotta Find a Way (Modo Records) et réédité par Daptone sur la compilation If This World Were Mine (2007). L’ensemble frise la perfection sur des titres aussi beaux que « Till Den » et son piano discret, ou sur « Dispute » et sa saveur Dub, parfaitement dosée. Les harmonies vocales sont tout simplement bluffantes et l’équilibre entre les instruments est le résultat d’un travail d’orfèvre millimétré. Nos joyeux New-Yorkais ne sortent pas de nulle part : les puristes avaient repéré un premier EP reggae auto-produit en 2012, déjà chaperonné par Victor Axelrod, mais qui ne versaient pas encore dans cette veine Soul/Rhythm’n’Blues jamaïcaine, tout à fait délicieuse ou plus récemment en 2015, à travers une incursion chez les multi-platinés de la BassMusic, Mad Decent, qui annonçait la transformation à venir. Il semblerait qu’ainsi, au contact des immenses talents qui nourrissent la maison Daptone, nos musiciens se soient transcendés et aient ainsi délivré, ni plus ni moins, l’un des plus beaux disques de Soul de ces dernières années, à contre-courant des intentions électroniques qui semblent désormais devenir la norme.
Daptone Records prouve par la même occasion, qu’il est définitivement le lieu du bon goût, à travers son obsession sans pareil pour le son analogique et artisanal, qui a construit la légende des plus grands labels de musiques afro-américaines comme Stax et par effet de miroir évident, de la grande musique jamaïcaine depuis les années 60.
The Frightnrs Nothing More to Say Daptone/Differ-Ant
Site web des Frightnrs et de Daptone Records.
TRACKLIST:
Side A
All My Tears
Nothing More To Say
Gotta Find A Way
What Have I Done
Purple
Trouble In Here
Side B
Till Then
Lookin’ For My Love
Hey Brother (Do Unto Others)
Gonna Make Time
Dispute
Également en écoute intégrale sur Bandcamp et Spotify.
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