Sept ans après sa première déflagration sonore, The Hellacopters, formation désormais bien installée dans le paysage rock scandinave, offre By The Grace Of God, son cinquième album, aujourd’hui considéré comme une pierre angulaire de sa discographie.
Chez les ‘Copters, un peu comme chez les chiens, sept ans équivalent à vingt piges pour un groupe lambda. Plein gaz depuis sa création, le gang suédois n’a jamais levé le pied, et son style s’est affûté en même temps que ses membres ont gagné en expérience. L’esprit « sale gosse là pour faire du bruit » s’est d’ailleurs, clairement fait la malle (leurs compatriotes de The Hives ont pris le relais) au profit d’un côté plus sérieux, toujours désireux de rendre hommage à ses pairs. On peut largement considérer By The Grace Of God comme leur disque le plus populaire, mais c’est surtout, celui qui définit le mieux l’âme du groupe. L’album est un mélange de tout ce que Nick Royale et ses copains affectionnent dans la musique, des styles essentiellement originaires du Nouveau Monde. Alors que leurs premiers méfaits avaient plus à voir avec le garage/rock et le punk (comme Supershitty To The Max), au début des années 2000, l’ADN du groupe a largement muté en polissant son son. Désormais signés en major et considérés comme de vrais rockstars dans leur pays d’origine, les ‘Copters ont même acquis une belle fanbase au pays de l’Oncle Sam, et à peu près partout ou ils ont posé les pieds lors d’incessantes tournées.
Ce cinquième album reprend les codes de son prédécesseur, et va encore plus loin. Pas vraiment en adéquation avec son époque, mais rien à foutre, les Suédois n’ont honte de rien, n’hésitant pas à flirter régulièrement avec un hard rock FM putassier plus vraiment à la mode. Mais là où n’importe quel groupe aurait l’air con et virerait à la parodie, les Hellacopters évitent les pièges. Pourquoi? Probablement, et c’est ce qui fait toute la différence et la force du groupe, c’est sa culture musicale. Dans les veines des Scandinaves ne coulent pas seulement le sang de Kiss -voire même Thin Lizzy-, mais surtout celui des Stooges, du MC5, de Radio Birdman, Dead Boys, Misfits, Black Sabbath, des Stones ou même de Love. Ajoutez à ça, un sens de la mélodie difficilement discutable, et vous obtenez un sacré paquet de tubes et pas grand chose à jeter.
L’assaut débute avec le single qui offre son titre à l’album, « By The Grace Of God », introduit par une simple note de clavier, un grand classique du quintet. S’enchainent une belle poignée de tubes (« All New Low », « Carry Me Home », « Down On Freestreet », « Better Than You, « U.Y.F.S. » ou encore la superbe ballade stonienne « Rainy Day Revisited » pour ne citer qu’eux). Tout le monde est à sa place et chaque membre fait parfaitement le taf: Nicke Andersson chante d’une voix juste qu’il assume désormais pleinement, ne se cachant plus derrière des hurlements; le brillant Strings s’impose timidement comme un vrai guitariste soliste; Boba, guitariste de formation, s’éclate sur des parties claviers divines, Håkansson se distingue d’une basse au groove imparable et l’énergique Eriksson -qui n’a rien à envier à un Taylor Hawkins– frappe sur ses fûts comme si sa vie en dépendait. Deux ans après High Visibility, les rockeurs scandinaves confient une fois de plus la prod’ de leur morceaux à Chips Kiesbye, à qui ils feront confiance encore quelques années de plus. Le producteur, avant tout chanteur/guitariste dans Sator, apparait comme un sixième membre des Hellacopters. Il comprend parfaitement les ambitions de ses compatriotes en signant une prod’ léchée taillée pour conquérir le monde, dommage, car leur high energy rock ‘n’ roll n’intéresse plus qu’un public de niche. Le groupe s’en rendra vite compte, et leur succès grandissant s’arrêtera net. Ils lâcheront finalement l’affaire six ans plus tard.
Reste qu’en une quinzaine d’années d’existence -hors reformation-, The Hellacopters a marqué son époque à grand renfort de titres rock ‘n’ roll au sens large du terme. By The Grace Of God, suivi de près par l’EP Strikes Like Lightning, est, encore aujourd’hui un album phare dans sa catégorie, tant pour ses titres que pour son emblématique pochette (imaginé par Henrik Walse), une identité visuelle forte pour Nicke Royale et ses copains chevelus, l’un des derniers représentants du rock européen.
The Hellacopters By The Grace Of God Universal/Polar/LED Recordings/Psychout
TRACKLIST:
Face A
By The Grace Of God
All New Low
Down On Freestreet
Better Than You
Carry Me Home
Rainy Days Revisited
It’s Good But It Just Ain’t Right
Face B
U.Y.F.S.
On Time
All I’ve Got
Go Easy Now
The Exorcist
Pride
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