Le festival nîmois This Is Not a Love Song vient de fêter sa cinquième bougie. Pari réussi pour créateurs, TINALS est clairement devenu l’un des événements estivaux majeurs pour tout amateur de musique indé’ qui se respecte. Attiré par l’alléchante programmation, on vous raconte notre « baptême » du feu.
Jour 1: Goat Girl, Coathangers, Make-Up, Danny Brown & Moderat.
Par Stéphane
Arrivé sur le site en fin d’aprèm’, on fait rapidement le tour. Le cadre, les activités et l’ambiance du festival nous font vite tomber sous le charme du lieu. Programme en main, on trouve vite un groupe à aller voir. On zappe Yassassin (les Londoniennes joueront un autre set plus tard dans la soirée) pour foncer mater un autre girls band sur la scène Bamboo. Également originaire de la capitale anglaise, Goat Girl, fraichement signé chez Rough Trade, séduit avec un Rock sale, nonchalant et tendu qui rappelle les Bad Seeds de Nick Cave. 19h00 à peine passé, on tient déjà notre premier coup de cœur…
Quelques mètre plus loin, on laisse une chance à Andy Shauf, jeune Canadien idolâtré qui ne nous fait pas forte impression…les chansons des Goat Girl couplées aux quelques bières me donnent envie d’autre chose: direction la grande salle pour The Coathangers. Deux morceaux à peine et les tubes du trio d’Atlanta font déjà leur petit effet. Ces cousines des Black Lips allient Punk et Rock ‘n’ Roll avec classe, et mettent tout le monde d’accord. La salle est pleine lorsque leur set se termine.
Des choix cornéliens s’imposent, on choisit de se laisser charmer par le déhanché d’Alex Cameron et sa Pop 80’s, à défaut d’admirer les pourtant géniaux Growlers.
Autant culte que sous-estimé, les Make-Up, le groupe de Ian Svenonius semble avoir enfin trouvé son public depuis ses deux reformations, en 2012 dans le cadre du All Tomorrow’s Parties à Londres puis au Coachella, la même année, et enfin, il y a quelques semaines dans le cadre de La Villette Sonique à Paris, du Primavera à Barcelone et enfin du festival nîmois.
Originaire de Washington, le combo est reste fidèle à lui-même, à cheval entre Post-Punk, Rock ‘n’ Roll & Soul. Les Make-Up sont quasiment au complet ce soir –James Canty à la guitare et à l’orgue, Michelle Mae à la bass et Svenonius au chant- seul Steve Gamboa n’a pas répondu présent, cédant sa place à Mark Cisneros.
Si le groupe fait carrément le job, c’est surtout le charisme de son leader qui marque, au point qu’on a du mal à regarder autre chose que lui. Le chanteur occupe la scène comme un seul homme, vêtu d’un beau costume à paillettes (tenue de scène du groupe), une classe qui rappelle Jon Spencer des Blues Explosion ou l’Australien Nick Cave. L’ancien Nation of Ulysses (puis Weird War, Chain & The Gang et XYZ) hurle, vit ses morceaux et se jette volontiers dans la fosse à la rencontre de fans toujours plus nombreux. Une bonne partie du public n’a d’ailleurs probablement pas connu le groupe lorsqu’il était en activité, mais tout le monde est littéralement subjugué par l’incroyable énergie du leader.
Près de 30 années dévouées au Rock ‘n’ Roll, ça marque, et Svenonius connait son sujet sur le bout des doigts, au point qu’il a même écrit deux ouvrages sur le sujet –The Psychic Soviet chez Drag City Books et Supernatural Strategies for Making a Rock ‘n’ Roll Group chez Akashic Books, justement traduit cette année sous le titre Stratégies occultes pour monter un groupe de rock chez l’éditeur Au Diable Vauvert– c’est dire s’il sait ce qu’il fait. Après un show comme celui-là, difficile de se laisser séduire par la suite de la programmation, mais TINALS réserve d’autres surprises…
On switch vers des sets plus Electro pour retrouver Steven Ellison aka Flying Lotus qui remplit largement son contrat, avec un superbe set Electro-Jazz pas toujours évident. Pendant ce temps, Danny Brown retourne littéralement la grande scène et fait son entrée avec un morceau de Black Sabbath devant une assistance chauffée à blanc. La signature du rappeur du Michigan sur le mythique label électronique Warp avait surpris, mais la découverte de Brown sur scène fait sens. Son set a autant à voir avec le Hip-Hop que l’Indus, la Noise et bien sur, l’Electro. Une vraie claque!
Aucune déception ne vient assombrir le tableau d’une première journée parfaite. On fonce les yeux fermés admirer Moderat et son Electro enivrant. Sur scène, le trio joue entre le coté clubbing de Modeselektor (formé de Gernot Bronsert et Sebastian Szary) et la Pop Ambient d’Apparat (aka Sasha Ring). Les tubes extraits de leur trois albums, marchent à tous les coups (« Ghostmother », « A New Error » ou « Bad Kingdom »), mais le trio se distingue surtout par une scénographie absolument magnifique, presque hypnotisante.
Peu avant de quitter les lieux, on se motive pour jeter un œil du coté des mythiques Scandinaves de Turbonegro (dont on est déjà fan). Le gang a, comme à son habitude, rameuté ses fans d’un peu partout en France (son « fan-club » Turbojugend compte des milliers de membres dans le monde) et mis le public dans sa poche à grand renfort de tubes Heavy Punk/Hard Rock (« Get It On », « City of Satan » ou « Erection », pour ne citer qu’eux).
Franc succès pour cette première journée, qu’on termine complètement lessivé, mais avec une furieuse envie de découvrir la suite..!
Jour 2 & 3: Echo & the Bunnymen, Show Me the Body, Pond, Primal Scream, Black Angels & Teenage Fanclub.
par Jessica
On commence la journée du samedi avec Echo & the Bunnymen qui nous laisse définitivement sous le charme de sa pop crépusculaire. Plus tard, Requin Chagrin continue de montrer des signes de progression malgré un chant très faiblard. Le quatuor originaire de Sacramento Show Me the Body a offert un live déroutant mêlant un chant « Hip-Hop » à une énergie Punk, avec un gros son de basse et un banjo saturé.
Direction maintenant la scène principale où se produit Primal Scream, une des têtes d’affiche de la soirée. Un son parfait, un show qui a des airs de communion, c’était la grande messe du festival ! Plus tard, Johnny Mafia en impose dans le patio ça joue fort et ça dépote ! On ne tardera pas à se diriger vers la grande scène pour voir Thee Oh Sees, le dernier groupe de la soirée. Le live est très bon, tout comme les compositions, mélange de Garage et de Punk.
Troisième et dernière journée au TINALS, nous arrivons face à un soleil plus que jamais au rendez-vous, Frank Carter & The Rattlesnakes sur la grande scène, verse dans rock FM et les clichés. Un peu plus tard l’incroyable prestation du rappeur américain Mick Jenkins, enveloppe le festival d’une onde de positivité.
C’est l’heure de se diriger en grande salle pour voir Pond. Composés d’anciens et actuels membres de Tame Impala, le groupe enchaine morceaux pop et disco magnétique, on regrette que le show ne se passe pas en extérieur. Dans la soirée, on retrouve les Black Angels et leur son immersif, lourd et envoûtant. C’est l’heure de l’émotion, Teenage Fanclub nous offre un set absolument parfait qui laisse sans voix. Les Ecossais, au sommet de leur art, ont enchaînés tubes sur tubes, on ressort avec le sourire et des cœurs plein les yeux. Le festival se termine avec la performance de Death Grips, difficilement supportable, d’une violence sonore indicible, adieu mes chers tympans…
Rendez-vous l’année prochaine, on a déjà hâte d’y être!
Festival This Is Not A Love Song
(vendredi 9, samedi 10 et dimanche 11 juin 2017) à Nîmes.
Photos par Boris Allin (Make-Up et Primal Scream), Marie Meletopoulos (Flying Lotus)
et Alexandra de Lapierre (Adelap) (Teenage Fanclub) ©.
Vidéos par Culturebox.
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