Pixies « Head Carrier »

Head Carrier

Qu’attendre d’un album des Pixies en 2016? À la sortie de la (dispensable) compilation d’EP Indie Cindy il y a deux ans, on aurait été tenté de répondre « pas grand chose ». Mais voilà, quand on se replonge dans leur discographie -aussi brève que géniale- et qu’on constate à quel point l’héritage laissé par le groupe est important, on a envie de laisser une petite chance à ce cinquième album studio.

Enregistré d’une traite dans un studio à Londres, en compagnie de Paz Lanchantin, désormais membre permanente depuis le départ de Kim Deal (puis de Kim Shattuck); Black Francis, David Lovering et Joey Santiago sont repartis de zéro et ont choisi de prendre leur temps pour ce nouvel album. Un luxe qu’ils ne s’étaient d’après eux jamais accordé jusqu’à présent, et qui a fait la différence avec Indie Cindy, un disque sur lequel on trouvait certes quelques bons titres, mais dont une grosse partie sonnait comme une auto-parodie. On commençait même à penser que ce retour n’était finalement pas une si brillante idée…
Premier constat à l’écoute d’Head Carrier: les Pixies ont toujours la « flamme ». La preuve avec les tubes incontestables que sont « Talent », « Head Carrier », « Classic Masher », la belle ballade « All I Think About Now » -en hommage à Kim Deal (dont l’intro’ rappel étrangement un vieux tube du groupe)- ou encore le classieux « Bel Esprit », chanson sur laquelle les voix de Francis et de Paz se marient à merveille. Le style est là, les morceaux aussi et rien n’a été bâclé. La bonne vieille formule du groupe marche donc toujours aussi bien. On prend plaisir à retrouver le gros son de guitare alternant avec les belles mélodies, les cris de Black et ses textes tordus, les chœurs Kimdealiens, les solos de Santiago ou ce mélange de Surf, d’Indie Rock et de Post-Punk, sur des titres dépassant rarement les 2 minutes trente. Seule la prise de risque manque au programme, elle est même totalement absente. Le groupe ne s’est pas cassé l’cul et ne se met pas une seule fois en danger. Dommage diront certains, tandis que d’autres seront rassurés de ne pas voir leur groupe culte partir en couille dans d’inutiles expérimentations. Au final, le disque n’aurait pas fait tache s’il avait vu le jour dans la foulée de ses prédécesseurs, mais il semble avoir quelques décennies de retard.

Sans vouloir se la jouer rabat-joie et en restant honnête un instant: Si Head Carrier est sans aucun doute un bon disque des Pixies, qui rappelle à bien des égards le génial Doolittle, ou le sous-estimé Trompe le Monde (1989 & 1991, 4AD) il n’égalera jamais ses quatre grands frères. Pourquoi? Parce qu’avec toute la bonne volonté du monde, Black Francis et les siens ne pourront jamais reproduire le son, l’originalité et les ambiances d’une époque désormais révolue. Reste à savoir ce que leur public attend d’eux, du neuf ou du classique? Et si au final, le problème venait de nous? Peut-être avons-nous tendance à attendre beaucoup trop de nos groupes préférés…

Pixies Head Carrier Pixies Music/Pias.

TRACKLIST:

Side A

Head Carrier
Classic Masher
Baal’s Back
Might As Well Be Gone
Oona
Talent

Side B

Tenenement Song
Bel Esprit
All I Think About Now
Um Chagga Lagga
Plaster Of Paris
All The Saints



Album également dispo’ en écoute sur Spotify par ici.







Live report du concert des Pixies au festival Les Nuits de Fourvière à Lyon en 2016.

Pixies, Live, Concert, Festival, 2016, Les Vieilles Charrues,

Stéphane Pinguet

Disquaire indépendant aigri mais passionné, amateur de musique, cinéma, littérature et bandes dessinées en tous genres.

3 Comments

  1. Arrêtons de comparer avec les disques précédents.
    26 ans (un très long break) après leur séparation, Pixies reviennent au sommet de la hiérarchie avec un album en tous points excellent.

  2. Album assez pas mal… quelques années après « Indie Cindy » pas trop mauvais non plus… mais c’est vrai… aujourd’hui sommes nous aussi insouciant et rebelles qu’il y a 26 ans? Non bien sûr! Depuis j’écoute du jazz et du classique… en sirotant du vin.
    Mais le 29 juillet à Carcassonne j’aurai la bière à la main!
    Et ce ne sera jamais aussi plus pire que Franck & the Catholics…

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